Le gouvernement chinois aurait développé un programme d’intelligence artificielle capable de poursuivre automatiquement les criminels, selon un rapport du South China Morning Post, un journal de langue anglaise basé à Hong Kong et proche du pouvoir chinois.
Ce programme peut identifier de manière fiable huit délits courants tels que la fraude, le jeu et la conduite dangereuse, selon des chercheurs cités par l’article.
Le robot-procureur serait en mesure déposer une accusation avec plus de 97% de précision sur la simple base d’une description verbale.
Certes, cela ne témoigne pas exactement de la complexité ou de la qualité de l’algorithme, sur lequel on ne sait pas encore grand’chose : le système de justice pénale chinois est notoirement opaque, les tribunaux étant critiqués pour être très peu impartiaux. Les procureurs du pays sont également critiqués pour avoir inculpé les personnes soupçonnées de déloyauté politique sous des prétextes tels que l’évasion fiscale.
Récemment, la Chine a déclenché un conflit diplomatique avec le Canada après avoir arrêté deux ressortissants canadiens (un diplomate et un homme d’affaires) et les a condamnés à de longues peines de prison pour des accusations jugées fallacieuses par le gouvernement canadien, avant d’être subitement libérés après qu’Ottawa ait libéré le directeur financier de Huawei.
Le robot-procureur a été créé par le Parquet populaire de Shanghai Pudong, le plus grand et le plus fréquenté du pays.
Selon SCMP, la Chine n’est pas le premier pays à automatiser certains aspects des poursuites judiciaires. En effet, l’utilisation de l’intelligence artificielle dans les processus judiciaires se généralise à travers le monde.
Certains procureurs allemands ont par exemple utilisé des programmes d’intelligence artificielle (tels que la reconnaissance d’images et la criminalistique numérique) pour augmenter la vitesse et la précision du traitement des infractions.
Autre exemple en Europe, l’Estonie, pays bien connu pour être à la pointe de l’identité numérique, développe officiellement un « robot juge » capable d’analyser des affaires et de rendre un jugement.
La Chine a cependant été l’un des premiers pays à adopter l’IA dans son système juridique, dès 2016. De nombreux procureurs utilisent désormais un outil d’IA appelé «System 206». Cet outil serait capable d’évaluer la force des preuves, ainsi que les conditions d’une arrestation – tout en évaluant le danger du sujet pour le public.
Mais tous les outils d’IA existants ont encore un rôle limité, car ils ne participent pas au processus décisionnel de dépôt des accusations et de suggestion des peines.