L’Union européenne a annoncé la création d’un consortium international qui dirigera la livraison d’un nouveau programme pilote de paiements transfrontaliers conformément aux objectifs de la Commission européenne, pour lancer le très controversé portefeuille d’identification numérique.
Une déclaration publiée par le groupe d’experts nommé par l’UE, appelé le Consortium NOBID (qui signifie « Nordic-Baltic eID Project ») révèle que six pays seront impliqués dans le développement du portefeuille d’identification numérique : Danemark, Lettonie, Islande, Allemagne et Norvège. Le consortium sera responsable du développement et de la livraison des « cas d’utilisation prioritaires » de l’UE pour le portefeuille d’identification numérique, qui englobera initialement les paiements.
Le NOBID aurait le soutien d’agences gouvernementales numériques, de banques, d’entreprises tech de premier plan pour tirer parti des infrastructures d’identité numérique déjà en place dans les six pays du consortium. Les plans pour la mise en place de l’identification numérique incluent notamment la capacité de stocker un large éventail de données personnelles, telles que l’état de santé et le statut de vaccination d’une personne, sa situation financière et plus encore.
Le NOBID affirme que le nouveau pilote impliquera la création d’une application sécurisée qui, lorsqu’elle sera lancée, « permettra aux citoyens de tout le continent de vérifier facilement leur identité, d’accéder aux services publics et privés et de stocker des documents numériques sensibles en un seul endroit« .
Le problème de la confidentialité
Le concept de portefeuilles d’identification numérique n’a pas été accueilli positivement par de nombreux experts et observateurs européens. Et, malgré la forte opposition rencontrée par ces initiatives, les autorités eurocratiques avancent à marche forcée depuis 2020. Un certain nombre d’experts de l’industrie et de politiciens ont exprimé leurs inquiétudes, notamment en matière de confidentialité et comparent cette initiative au système de crédit social chinois.
Dans une vidéo d’information publiée par l’UE, le commentateur déclare que : « les portefeuilles d’identification numérique européens nous permettront de stocker et d’échanger des documents et des informations juridiques, tout en contrôlant totalement les données que nous souhaitons partager avec eux. »
Cette initiative bénéficie notamment du plein soutien de la présidente de l’UE, Ursula von der Leyen, qui a déclaré que les identifiants numériques permettront aux citoyens de l’UE d’avoir un meilleur contrôle sur leurs données personnelles et que le système empêchera le vol d’identité. Actuellement, le portefeuille, qui sera développé comme une application à télécharger sur téléphone mobile, n’inclura que les informations sélectionnées par le propriétaire des données. Les gens pourront a priori choisir d’inclure ou non leurs informations médicales et financières. Ceoendant, il est facile de supposer que des formes de contrainte seront progressivement mises en place.
Vers un système de crédit social en Europe ?
Cependant, des débats au Parlement européen ont déjà été soulevés concernant le potentiel de l’application en tant qu’outil de contrôle social pouvant être utilisé pour opprimer les citoyens en fonction de leurs opinions politiques.
Le député européen conservateur Cristian Terhes (Roumanie), a récemment décrit les passeports COVID-19 obligatoires de l’UE et le projet de portefeuille d’identification numérique comme la « chinification » de l’Europe. Il a déclaré :
Clairement, nous assistons en ce moment à la chinafication de l’Europe parce que nous voyons ce qui se passe en Chine en ce moment avec le crédit social, où le gouvernement surveille tout le monde… Ils contrôlent tout et surveillent tout. C’est un exemple de tyrannie.
Un autre sceptique, l’eurodéputé néerlandais et conservateur Rob Roos, a soulevé la question de la nature optionnelle du portefeuille numérique. Il a déclaré :
Dans quelle mesure le portefeuille européen d’identité numérique est-il volontaire ? Mais plus important encore, dans quelle mesure restera-t-il volontaire à l’avenir ? Parce que l’Union européenne propose toujours de beaux plans pour éventuellement en abuser, pour créer plus de contrôle.
Il est remarquable de voir que la mise en place d’un système aussi potentiellement dangereux ne soit dénoncé que par la droite conservatrice, tandis que les partis de gauche, prétendument défenseurs des libertés civiles, restent muets sur le sujet.
De plus, certains pays d’Europe adoptent déjà des programmes de crédit social qui pourraient fonctionner conjointement avec le portefeuille d’identification numérique. Les villes de Rome et Bologne, par exemple, ont initié un programme de crédit social qui récompense les personnes qui adoptent des pratiques qui contribueront à l’agenda net zéro. Ces activités incluent par exemple l’utilisation de vélos au lieu de scooters.
La surveillance des paiements comme enjeu principal
Malgré ces oppositions politiques et citoyennes, le communiqué du NOBID ne fait état d’aucune controverse et note plutôt que le consortium NOBID ne sera qu’un des projets pilotes d’identité numérique de l’UE et recevra un financement du programme DIGITAL Europa de la Commission européenne, permettant son lancement pilote en mars 2023.
En outre, sa mise en œuvre « exploitera l’infrastructure de paiement existante pour permettre l’émission de paiements, les paiements instantanés, les transferts de compte à compte et l’acceptation des paiements en magasin et en ligne« .
Le projet aurait également bénéficié du soutien « inédit » de leaders de la banque et de l’industrie des paiements, notamment DSGV en Allemagne, DNB et BankID en Norvège, Nets au Danemark, Intesa Sanpaolo, PagoPA et ABILab en Italie et Greiðsluveitan en Islande.
Tor Alvik, chef de projet du consortium, a déclaré :
Nous sommes honorés et privilégiés de bénéficier de la confiance de la Commission européenne pour piloter et façonner l’avenir des paiements numériques et de l’identité numérique en Europe. Avec tous nos partenaires, nous utiliserons notre expérience et les infrastructures d’identité numérique déjà très développés dans les pays du consortium NOBID pour fournir un pilote de paiement à grande échelle du portefeuille d’identité numérique de l’UE.
Un certain nombre de partenaires technologiques de premier plan se sont également alliés au projet. Ils comprennent Thales, iProov, Signicat, RB, Auðkenni, IPZS, Poste Italiane, Intesi Group, InfoCert, FBK et Centre national de la radio et de la télévision de Lettonie. Parmi les commerçants qui testeront la solution de paiement figurent Elkjøp en Norvège et le groupe REWE en Allemagne.