Accusé par la droite d’être trop laxiste et par la gauche d’être trop dur sur le sujet, le président de la République a évoqué sa politique en matière d’immigration dans une interview accordée au Figaro Magazine lors de son déplacement en Nouvelle-Calédonie fin juillet. L’occasion pour lui de revenir sur les émeutes qui ont secoué la France le mois dernier.
En prévision du projet de loi immigration, certains auraient pu s’attendre à un discours de fermeté de la part du président de la République, suite aux émeutes du début de l’été et suite au récent remaniement ministrériel.
En mai dernier, le député alsacien Charles Sitzenstuhl, membre du groupe Renaissance, avait tenu des propos très réalistes sur les « changements dans la population française » induits par l’immigration, en particulier d’origine africaine.
Des propos qui avaient surpris à droite et auraient laissé penser que la majorité présidentielle était sur le point d’opérer un virage stratégique « conservateur ».
D’autant plus que les sondages sont constants depuis plus de 20 ans : une large majorité de Français se déclare en faveur de l’arrêt de l’immigration. Un récent sondage Odoxa indique que 74% de Français estiment qu’il y a trop d’immigrés en France. 67% des électeurs d’Emmanuel Macron et 45 % des électeurs de la LFI partagent cette position, preuve qu’il existe un large consensus au sein de la population française.
Malgré cela, les propos tenus par Emmanuel Macron lors de sa récente entrevue pour le Figaro ne semblent pas du tout indiquer une prise en compte des inquiétudes des Français en la matière.
Bien au contraire, loin de profiter de l’occasion pour suivre une ligne droitière qui lui aurait certainement permis de neutraliser l’opposition nationale, Emmanuel Macron a vanté la mise en place d’une « politique de peuplement » afin de disperser les nouveaux arrivants dans toute la France.
Selon Emmanuel Macron, la France ne fait pas face à un problème d’immigration, mais à un problème d’intégration. « Nous avons toujours été un pays d’immigration et nous continuerons de l’être« , affirme-t-il.
Pour lui, le vrai problème est celui de l’intégration et sa crainte est de voir émerger en France des « sociétés vivant dos-à-dos ». C’est ainsi qu’il justifie la répartition de l’immigration récente sur l’ensemble du territoire :
Beaucoup de gens disent : Non, nous, on ne veut pas voir de nouveaux arrivants chez nous. Mais moi je pense qu’on intègre d’autant mieux qu’on le fait de manière diffuse. Si vous mettez toutes les familles ukrainiennes qui arrivent dans les mêmes endroits, vous ne les intégrez pas.
Ces propos s’inscrivent dans la continuité de ceux que le même Emmanuel Macron avait tenu au lendemain des émeutes urbaines du mois de Juin dernier. Dans une allocution d’urgence, Macron avait pointé du doigt le problème des réseaux sociaux et appelé au retour de l’autorité de l’Etat et de la famille. A cette occasion, il avait parlé d’un « besoin de revoir notre politique de répartition des difficultés ».
En clair, le souhait de Macron est de « répartir » ces « familles à difficultés » dans des villes ou dans des régions n’ayant pas été touchées par les émeutes multiculturelles.
Cette déclaration a provoqué beaucoup d’émoi étant donné qu’il n’a échappé à personne que ces émeutes ont été caractérisées non seulement par leur intensité, mais aussi par leur ampleur géographique, touchant des métropoles ou des villes de tailles moyennes réputées pour leur tranquillité il y a encore quelques années.
Cette diffusion du problème multiculturel en France, ainsi que ses phénomènes annexes (délinquance, communautarisme, tensions sociales) risque de donc de s’accentuer si Macron décide de poursuivre cette politique de répartition des migrants dans les campagnes.
Déjà, dans de nombreuses régions, des mouvements spontanés de citoyens ont montré qu’il existait une forte opposition des populations locales.
Conscient qu’il rencontrera sans doute une opposition au parlement, aussi bien au sein de la droite que de la gauche, Macron a déjà annoncé qu’il n’exclut pas de recourir encore une fois au 49.3, afin de ne pas être « bousculé par des majorités de fortune« . Sans doute est-ce ainsi qu’il fallait comprendre le terme « d’autorité démocratique« , utilisé par le président durant l’entretien. Pas question bien sûr, de demander l’avis du peuple par un référendum dont le résultat serait connu d’avance.
Le gouvernement Macron prépare donc les Français à accepter toujours plus d’immigration, notamment extra-européenne, malgré l’opposition d’une majorité de citoyens, y compris de citoyens issus des anciennes colonies et qui comprennent bien que l’immigration de masse rend difficile, sinon impossible l’intégration et l’assimilation.
Quant à l’influence des traités européens sur la souveraineté française en matière d’immigration, là aussi, Macron se refuse à faire le lien. Selon lui, « toute réforme qui nous fait sortir de l’Europe est inefficace, parce que le problème est européen et parce que nous ne sommes pas une île« .
Il reste encore à peu près quatre ans avant la prochaine élection présidentielle. De son côté, l’ancien premier ministre Edouard Philippe, présenté par Macron comme un candidat tout désigné pour prendre sa succession, multiplie les déclarations dures sur l’immigration depuis quelques mois.
La question de l’immigration, préoccupation majeure des Français après le pouvoir d’achat, sera donc au centre de la course présidentielle en 2027. Reste à savoir si le Rassemblement National asceptisé saura cette fois-ci emprunter le boulevard qui s’ouvre devant lui.