Groupe SOS, l’ogre qui dévore le monde associatif

En trente ans, le Groupe SOS s’est imposé comme la figure majeure de l’entrepreneuriat social en France. Avec des méthodes inspirées du privé, il dévore de nombreuses structures dans les champs de l’exclusion, de la protection de l’enfance ou des résidences pour personnes âgées. Proche du pouvoir, son patron Jean-Marc Borello s’érige en modèle et inquiète le monde associatif.

Le bourgeonnement nivernais illustre la croissance dans l’Hexagone d’un groupe présenté souvent comme « la plus grande entreprise sociale en Europe ». Né à Marseille en 1984 sous le nom de SOS Drogue International, il connaît un développement fulgurant ces dernières années : il est passé de 4 000 salariés et 220 établissements en 2010 à 22 000 salariés dans 650 structures en 2022. Les activités du Groupe SOS se sont étendues : protection judiciaire de la jeunesse, petite enfance, transition écologique, insertion par l’activité économique, solidarité internationale, santé, vieillesse et même culture — comme en témoigne la récente tentative, avortée, de reprise du cinéma La Clef, à Paris.

Avec une croissance annuelle moyenne de 17 % depuis 2007 et de 11,5 % en 2021, le chiffre d’affaires de l’entreprise s’élève aujourd’hui à 1,26 milliard d’euros. La dernière feuille de route interne ambitionne de le multiplier par deux d’ici à 2025. Aux sources de cette expansion, on ne trouve aucun actionnaire, mais beaucoup d’argent public : l’État, les collectivités locales et la Caisse primaire d’assurance-maladie représentent plus de 75 % de ses financements. Un homme incarne ce succès : M. Jean-Marc Borello, 65 ans, figure aussi charismatique que controversée.

Source : Le Monde Diplomatique