Pour Bruno Colmant, l’euro digital constituerait une révolution comparable à l’invention de la monnaie-papier par John Law. Mais cette révolution n’est pas sans risques.
Dans le contexte de la crise du Covid-19, un événement est un peu passé inaperçu : la publication le mois dernier par la Banque centrale européenne (BCE) d’un rapport sur la création d’un euro numérique (ou euro digital). Poussée dans le dos par diverses initiatives numériques privées (comme le bitcoin ou le libra de Facebook) mais aussi par les projets numériques d’autres banques centrales, la BCE se prépare au lancement éventuel d’un tel euro digital.
Pour le dire simplement, un euro numérique serait une forme électronique de monnaie de banque centrale qui, tout comme les billets de banque, permettrait aux ménages et aux entreprises d’effectuer leurs paiements quotidiens rapidement, facilement et en toute sécurité. Il existerait parallèlement aux espèces, sans les remplacer, précise la BCE.
Cette crise du Covid-19 n’a d’ailleurs fait qu’accélérer une tendance de fond : nous utilisons de moins en moins les billets de banque dans notre vie de tous les jours. Cela n’a pas échappé à Christine Lagarde, la présidente de la BCE, qui souligne que les Européens se tournent de plus en plus vers le numérique dans leurs modes de consommation, d’épargne et d’investissement. « Notre rôle consiste à préserver la confiance dans la monnaie. Cela suppose de veiller à ce que l’euro soit adapté à l’ère numérique. Nous devons nous tenir prêts à émettre un euro numérique si cela s’avère nécessaire.»
Car les défis ne sont pas minces. L’euro numérique devrait être conçu de manière à prévenir les conséquences indésirables que son émission pourrait avoir. Imaginons un instant que les citoyens puissent ouvrir des comptes en euro numérique dans les registres de la BCE.
Cela signifierait qu’en situation de crise lorsque les épargnants ont moins confiance dans le secteur bancaire, cela pourrait inciter des déposants à transformer leurs dépôts bancaires traditionnels en euros numériques de la BCE. Cela pourrait provoquer des “bank runs” et affaiblir la stabilité financière.
Source : L’Echo