Le gouverneur de la Banque de France a dessiné jeudi les contours de l’euro numérique, un projet prévu pour 2027 ou 2028 et porté par la Banque centrale européenne (BCE) qui n’a pour l’instant pas les faveurs des banques commerciales.
Le « Cash+ ». C’est désormais comme cela que François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, appelle l’euro numérique. « Le e-euro sera un billet de banque numérique qui présentera naturellement les mêmes caractéristiques que les espèces actuelles », a déclaré le responsable lors d’un événement organisé par la banque de financement et d’investissement de BNP Paribas.
Pour le gouverneur de la Banque de France, il apportera des « avantages significatifs » aux espèces actuelles en permettant notamment des règlements en ligne ou entre particuliers, en plus des cas d’usage classiques du paiement, chez des commerçants par exemple. Une « limite de détention s’appliquera aux comptes en euro numérique, et garantira que l’euro numérique serve de moyen de paiement, plus que de réserve de valeur », a-t-il également souligné.
Le sujet est sensible entre les banques centrales de la zone euro, qui poussent cette solution, et un consortium de 16 banques commerciales européennes qui développent une solution de paiement aux cas d’usages très proches baptisée European Payments Initiative (EPI).
Le directeur général délégué de BNP Paribas Thierry Laborde avait par exemple questionné le 1er juin l’intérêt même d’un euro numérique: « Posez-vous la question « à quoi ça sert un euro numérique ? « , avait-il déclaré, « si on a un EPI qui fonctionne » avant de souligner que l’on « peut toujours faire des choses qui ne servent à rien, ce ne sera pas la première ni la dernière fois ».
Un euro numérique « n’entraînera pas de désintermédiation », a souligné le gouverneur de la Banque de France, puisqu’il sera distribué par l’intermédiaire des banques commerciales.
Ces dernières « peuvent et devraient prendre part au projet en toute confiance (…), notre volonté est de l’émettre avec vous, les banques commerciales, et non contre vous », a-t-il repris. La phase dite de préparation de l’euro numérique devrait débuter en fin d’année, « avant un lancement potentiel et progressif à partir de 2027 ou 2028 ».
Il n’a pas convaincu : dans une déclaration transmise à l’AFP, la Fédération bancaire française (FBF) a rappelé ses « réserves sur l’opportunité d’un tel projet » en soulignant « qu’il n’existe pas à date de besoin qui ne serait pas déjà couvert par une des solutions existantes ou en cours de développement ».
Source : La Tribune